Amiens, le 1/02/2018
Lettre
ouverte au Président de la République
La colère de nombreuses assistantes et nombreux assistants de service social !
Une profession
silencieuse, peu syndiquée ce qui est certainement lié au fait que l’assistante sociale côtoie
toute la journée des personnes: adultes, personnes âgées ou enfants ayant des difficultés.
Voilà pourquoi nous n’osons pas nous plaindre de notre propre situation qui nous
semble souvent privilégiée par rapport à ce que nous entendons et voyons.
Accueillir,
entendre, écouter, réconforter, soutenir, analyser, orienter, accompagner, évaluer,
faire des choix, prendre des décisions, proposer…Des savoirs faire et des
compétences qui résument le travail de cette profession.
Nous affirmons que
le travail social relève bien de la compétence de professionnels formés et ne
peut être laissé à la charge de bénévoles, comme certains le
souhaiteraient.
La formation,
parlons-en ! :
Trois années
d’études dans une école spécialisée pour une partie d’entre nous, quatre années
à l ‘époque des plus
anciennes, et, de fait, pour de
nombreuses collègues car le concours d’entrée ne pouvait être passé à l’issue
de la terminale.
Qu’en est-il
aujourd’hui ? Quelle reconnaissance pour le diplôme d’assistant de service
social ? Un niveau BAC + 2 quand la
formation dure 3 ans aujourd’hui!
Pouvez-vous nous
dire, monsieur le Président, où sont passées les deux autres années de
formation effectuées ? N’auraient-elles pas existé ??
Dans un
gouvernement où les plus riches voient augmenter chaque année leur fortune
alors que l’on nous parle de crise, l’assistante sociale accompagne les plus
démunis, tous ceux laissés au ban de la société pour lesquels le quotidien se
résume à d’avantage de misère.
Nous en voulons
pour exemple, la baisse des APL : ne trouvez-vous pas cette mesure
méprisante et injuste pour les étudiants, les familles mono parentales vivant
avec des minima sociaux, les retraités aux faibles pensions perçues après des
années de cotisations souvent gagnées au prix d’un dur labeur, les contrats de
travail précaires ?
Nous vous invitons,
monsieur le Président, à vivre avec un SMIC Net de 1139 euros, voire moins pour
les contrats de travail à temps partiel, quand vous aurez payé votre loyer, vos
factures d’énergie, vos frais de transports…Bien entendu nous ne vous parlons
même pas de loisirs car avec ces faibles revenus, il ne reste pas de budget
pour ce projet.
Les budgets
baissent partout et, de fait, les aides légales à apporter aux plus démunis.
Certains Conseils
Départementaux font le choix de fermer des centres médico-sociaux par soucis
d’économie. Les familles les plus en difficultés non véhiculées qui habitent
dans des zones rurales distantes des lieux d’accueil n’ont plus accès aux
services publics.
Et que dire de
l’accès à l’outil informatique pour la constitution de dossiers et
l’organisation de démarches administratives : les plus en difficultés
n’ont pas tous accès à internet et ne sont pas tous en capacité de l’utiliser.
Ils sont donc privés eux aussi des aides légales auxquelles ils pourraient
prétendre !
Quotidiennement
l’assistante sociale reçoit le désespoir, le mal- être de ces personnes au
faible pouvoir d’achat qui se battent chaque jour pour survivre car il est
entendu que si nous les accueillons, comme il se doit d’ailleurs, c’est que ces
personnes ont encore un peu d’énergie pour solliciter de l’aide face à leurs
difficultés pour pouvoir continuer à exister et ne pas sombrer. Il est question
pour elles de SURVIE !!
Notons, au passage,
que l’assistante sociale qui entend les difficultés de ces personnes et
s’attache à y remédier n’a, quant à elle, aucun lieu proposé par ses employeurs
pour les partager et récupérer face à tant de détresse.
Heureusement, quand
il le peut et qu’il a pris conscience de la nécessité de se ressourcer, le
travailleur social choisit une activité prise, bien entendu, sur ses propres
deniers et aussi sur son temps personnel.
Malheureusement,
mais vous ne le savez peut-être pas, exposée à tant de souffrance, la
profession connaît comme d’autres professions une partie de ses effectifs en
burn- out.
Cette profession à
dominante féminine voit depuis des années une partie des professionnelles les
plus mobilisées, engagées, syndiquées « quitter le navire » et la
profession. Qui pourrait s’en satisfaire ?
Exposé à la
dégradation de ses conditions de travail :
délais d’intervention de plus en plus courts, situations d’urgence, augmentation du nombre
d’informations à traiter, pressions de la part de la hiérarchie, certaines
expositions au risque…le travailleur social doit faire toujours mieux avec
moins et cela pèse sur sa charge mentale.
Aujourd’hui
notre profession est en colère face à ce constat et au manque de
reconnaissance.
Le
report du reclassement en catégorie A des assistants socio-éducatifs de la
fonction publique est reçu comme un acte de mépris de la part de votre
gouvernement.
Aujourd’hui,
la profession connait une véritable crise liée d’une part à l’usure
professionnelle et d’autre part au manque d’attractivité relative à nos
missions. Le nombre de candidats à l’entrée en formation a diminué de 47% en 10
ans. Le nombre de diplômés a connu une
baisse de 19% en 10 ans.
Dans ce
contexte, nous attendons une vraie reconnaissance de notre profession, de notre
engagement et de la qualité du travail mené chaque jour auprès des différents
publics soutenus et accompagnés. Notre métier est
lourd de responsabilités. Il impose des compétences spécifiques, quelles soient
sociales, psychosociales, familiales, éducatives.
La
revalorisation de nos diplômes, l’augmentation de nos salaires avec le passage en catégorie A sont des
combats que nous menons depuis plus de 30 ans, il n’est plus temps d’attendre!! Il est temps
de nous reconnaître le cadre A MAINTENANT !!
Nous avons choisi
d’exprimer notre colère, il nous reste l’envie de pouvoir encore faire bouger
les choses avant de nous essouffler et, peut-être aussi à notre tour, baisser
les bras.
Nous avons fait le
choix d’être au côté des plus fragiles et de leur permettre d’accéder à des
lendemains meilleurs.
Nous, travailleurs
sociaux de terrain, œuvrons pour une société plus juste où chacun a le
droit de vivre dignement et souhaitons que la profession d’assistant de service
social soit reconnue à sa juste valeur.
Nous osons attendre
une prise de conscience et un sursaut de la part des politiques et des pouvoirs
publics afin que les choses changent. Nous faisons le choix de nous mobiliser
afin de faire réagir chacune et chacun, il n’est plus possible d’accepter une
société à deux vitesses.
L’état doit donner
aux professionnels du secteur social et éducatif les moyens d’assurer leurs
missions de service public sur l’ensemble du territoire et favoriser les
conditions d’accès à l’ensemble de ces professions (créations massives de
postes, statut, salaires, reconnaissance des qualifications, accès au cadre A).
La République doit
donner à ses citoyens, à ses enfants, les moyens d’accéder à plus de justice
sociale !
Les membres du bureau syndical des Assistants et Assistantes de Service Social du SNUASFP-FSU de l’Académie d’Amiens.
Nous vous invitons à partager, signer, faire signer cette lettre et la faire suivre.
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